Mardi et mercredi ont eu lieu des journées des agricultures urbaines en méditerranée. Un moment de rencontres, et de découvertes, qui a permis de montrer l’évolution de l’agriculture urbaine en France, son intérêt et ses enjeux. Pour le collectif lyonnais qui s’est rendu à Marseille pour l’occasion, les échanges avec les acteurs des autres villes ont été enrichissants : la diversité des territoires et des organisations est inspirante. A Marseille, Nice, Dijon, ou encore Bordeaux, la dynamique locale de l’agriculture urbaine existe et se structure !
Pour inaugurer le blog de la MAU de Lyon, voici un rapide retour – à chaud – sur ces journées.
Les fermes urbaines, un modèle économique ancré dans la diversité des services rendus
Les témoignages de quatre porteurs de projets de fermes urbaines ont tout d’abord montré la diversité des modèles, mais aussi leurs points communs, comme l’ancrage local ou l’importance de s’entourer de profils variés.
Une caractéristique forte de ces projets est leur multifonctionnalité. Si le Paysan Urbain croise chantier d’insertion et vente de micro-pousses, l’Oasis Citadine mixe les dispositifs d’adhésion, d’abonnement et de formation, et le Talus se présente comme un tiers lieu et mise sur l’événementiel. Fournir des services variés et complémentaires permet à la fois d’équilibrer le modèle économique, et de s’ancrer dans le territoire.


Le Paysan Urbain, à la fois chantier d’insertion, lieu de production de micro-pousses, et jardin maraîcher
Quand les collectivités se font porteurs de projets
L’exemple de Mouans-Sartoux, avec sa régie alimentaire pour la cuisine collective, montre que les collectivités peuvent agir directement sur le modèle agricole. Le Garden Lab de Gignac est un autre exemple de projet agricole communal, alliant potagers, préservation de la biodiversité et restauration. Dans les deux cas, l’agriculture urbaine fait office de contre projet urbain, montrant une façon différente d’aménager – ou de ménager ? – le territoire.
Si l’alimentation constitue un déclic pour questionner le développement urbain, c’est avec l’utilisation d’outils de l’urbanisme (Plan local d’urbanisme avec OAP agricole, zone agricole protégée…), de projet de territoire (Agenda 21) et de maîtrise foncière (propriété publique) que l’on peut mettre en œuvre et pérenniser de tels projets agricoles.
Sur de plus grands territoires – comme ceux des métropoles – le projet alimentaire territorial peut constituer un bon lieu pour travailler sur l’agriculture urbaine, et créer un écosystème d’acteurs locaux. Pour encourager – ou aiguillonner – les collectivités, des acteurs engagés comme la Cité de l’agriculture sont bien sûr également nécessaires.
Agriculteur urbain : des valeurs… et des embûches
Redonner du sens à son activité professionnelle en agissant pour une transition écologique et sociale, en se reconnectant à la nature et à l’alimentation : le projet d’agriculteur urbain est séduisant et porteur de valeurs.
Mais c’est aussi une posture nouvelle, à l’interface entre plusieurs mondes : urbanisme, agriculture, événementiel, formation… Ainsi de nombreuses questions se posent : faut-il avoir un statut d’agriculteur, les subventions et les contraintes qui vont avec ? Comment transposer le bail rural en milieu urbain ? Les fermes urbaines doivent-elles être en zone agricole des PLU ? Etc.
La pérennité des projets est alors un enjeu fort : financements divers mais fragiles, recours au bénévolat… l’aventure fait sens mais n’est pas facile pour autant. Comment alors pérenniser le fonctionnement des fermes, dont l’intérêt pour le territoire – écologique, social, voire nourricier – n’est plus à démontrer ?
Ces deux journées nous ont permis de faire le point sur les enjeux de l’agriculture urbaine, d’apporter des réponses et de poser des questions. Tout cela en (re)découvrant de nombreux projets à suivre… et à encourager !
Merci à l’AVITEM, la Cité de l’agriculture, l’Astredhor, l’AFAUP etTELEMMe !