Retour sur… les Journées des agricultures urbaines en Méditerranée

Mardi 15 et mercredi 16 octobre 2019 ont eu lieu les Journées des agricultures urbaines en Méditerranée. Un moment de rencontres, et de découvertes, qui a permis de montrer l’évolution de l’agriculture urbaine en France, son intérêt et ses enjeux.

Pour le collectif lyonnais qui s’est rendu à Marseille pour l’occasion, les échanges avec les acteurs des autres villes ont été vivement enrichissants : la diversité des territoires et des organisations que nous avons constatée est tout à fait inspirante ! A Marseille, Nice, Dijon, ou encore Bordeaux, la dynamique locale de l’agriculture urbaine existe et se structure !

Voici un bref retour, à chaud, sur cet événement.

Les fermes urbaines, un modèle économique ancré dans la diversité des services rendus

Les témoignages de quatre porteurs de projets de fermes urbaines ont tout d’abord montré la diversité des modèles, mais aussi leurs points communs, comme l’ancrage local, ou l’importance de s’entourer de profils variés.

Une caractéristique marquante de ces projets est leur multifonctionnalité. Si le Paysan Urbain (Marseille) associe mission d’insertion socio-professionnelle et vente de micro-pousses, l’Oasis Citadine (Montpellier) se fait à la fois lieu de formation et d’ateliers, prestataire de services et de conception, et jardin ouvert sur abonnement. Mentionnons encore le Talus, à Marseille aussi, qui se définit comme un tiers-lieu et appuie son développement sur l’événementiel.

Une conclusion commune émerge : fournir des services variés et complémentaires permet à la fois d’équilibrer le modèle économique, et de s’ancrer dans le territoire.

Quand les collectivités se font porteuses de projets

L’exemple de Mouans-Sartoux, avec sa régie alimentaire pour la cuisine collective, montre que les collectivités peuvent agir directement sur le modèle agricole. Le Garden Lab de Gignac est un autre exemple de projet agricole communal, alliant potagers, préservation de la biodiversité et restauration. Dans les deux cas, l’agriculture urbaine fait office de « contre-projet » urbain, montrant une façon différente d’aménager — ou de ménager ? — le territoire.

Si l’alimentation constitue un déclic pour questionner le développement urbain, c’est avec l’utilisation d’outils de l’urbanisme (Plan local d’urbanisme avec OAP agricole, zone agricole protégée…), de projets de territoire (Agenda 21) et de maîtrise foncière (propriété publique) que l’on peut mettre en œuvre et pérenniser de tels projets agricoles. Sur de plus grands territoires, notamment des métropoles, le projet alimentaire territorial (PAT) peut constituer un bon lieu pour travailler sur l’agriculture urbaine, et créer un écosystème d’acteurs locaux.

Et pour encourager, guider, sensibiliser ces acteurs publics, des structures expertes et engagées comme la Cité de l’agriculture sont également indispensables.

Agriculteur urbain : des valeurs… et des embûches

Redonner du sens à son activité professionnelle, en agissant pour une transition écologique et sociale, en se reconnectant à la nature et à l’alimentation : le projet d’agriculteur urbain, installé suivant le modèle « canonique » de la ferme urbaine, est séduisant et riche de valeurs.

Mais c’est aussi une posture nouvelle, délicate, à l’interface de plusieurs mondes : urbanisme, agriculture, événementiel, formation…  Ainsi de nombreuses questions se posent : faut-il avoir un statut d’agriculteur, compte tenu des règles de subventions et des contraintes qui vont avec ? Comment transposer le bail rural en milieu urbain ? Les fermes urbaines doivent-elles être en zone agricole des PLU ? etc.

La pérennité se revèle être l’enjeu fort des projets : financements divers mais fragiles, recours au bénévolat… L’aventure a du sens, son intérêt pour le territoire — écologique, social, voire nourricier — n’est plus à démontrer, mais elle est particulièrement ardue.

Ces deux journées nous ont permis de faire le point sur les enjeux de l’agriculture urbaine, d’apporter des réponses, et de renouveler les questions à se poser. Tout cela en (re)découvrant de nombreux projets à suivre… et à encourager !

Merci à l’AVITEM, la Cité de l’agriculture, l’Astredhor, l’AFAUP et TELEMMe !