Alimentation et climat : vers une résilience territoriale ?

Dans le cadre du projet alimentaire territorial lyonnais – le PATLY – s’est tenue aujourd’hui une conférence intitulée « Notre alimentation à l’heure de l’urgence climatique : du constat aux actions, quel récit territorial à écrire ? ». En voici une petite restitution à chaud, en essayant de retracer des débats riches qui ont montré toute la complexité d’un système alimentaire qui doit évoluer.

Un système alimentaire menacé

Les présentations de Arthur Grimonpont des Greniers d’Abondance et de Philippe Pointereau de Solagro ont tout d’abord permis de cerner les menaces qui pèsent sur l’alimentation :

  • les changements climatiques en premier lieu, les évènements extrêmes – sécheresses comme tempêtes – faisant baisser les rendements ;
  • le déclin des énergies fossiles, utilisées non seulement dans la vie des fermes mais aussi – et surtout – dans le transport de marchandises ;
  • la forte baisse de la biodiversité, pourtant très utile pour polliniser les plantes et stocker le carbone ;
  • et bien d’autres…

Face à ces enjeux, les politiques publiques commencent à réagir. Le Programme National Nutrition Santé, via ses recommandations – par exemple manger moins de viande et plus de légumes – donne la vision d’un sytème agricole souhaité. De même le Plan national biodiversité, avec l’objectif de zéro artificialisation des sols nette, souhaite protéger les terres agricoles.

Du producteur au consommateur, quelles solutions ?

Le scénario Afterres 2050 dresse un panorama des possibles, et Philippe Pointereau a présenté quelques pistes d’actions pour répondre aux menaces.

Cela concerne tant le consommateur, qui change son alimentation, que le producteur, qui fait évoluer ses pratiques.

Croquis de quelques pistes proposées par Afterres 2050

Des controverses... et la nécessité de travailler ensemble

Si le constat d’un système en danger semble partagé, les raisons du problème et les solutions à apporter ne font pas toutes l’unanimité.

Ainsi, pendant le temps du débat, deux agriculteurs ont pris la parole pour témoigner, et apporter des nuances aux propos des intervenants. Ils ont pu expliquer des réalités terrains difficiles :

  • l’aspect financier notamment : comment embaucher si l’on ne peut pas verser un salaire décent ?
  • la prégnance du bio lorsque l’on parle de pratiques culturales : la permaculture et l’agriculture raisonnée peuvent aussi fournir des produits sans pesticide résiduel, et permettre de garder des sols vivants ;
  • le manque d’attractivité de la profession agricole.

Un autre aspect de la question a ensuite été abordé, qui montre toute la complexité de la situation : la logistique. Coût du foncier urbain qui empêche de garder des stocks dans les villes, flux de marchandises en tension qui nécessitent de réunir tous les acteurs pour être détendus, etc.

L’équation n’est pas simple, et sa résolution demande de mettre toutes les parties prenantes autour de la table.

Vers une résilience alimentaire territoriale ?

Résumons : un système dans lequel tous les acteurs sont interdépendants, des transformations importantes à venir avec des risques de ruptures, et l’objectif de continuer à assurer une alimentation pour tous dans un contexte changeant… on parle là de résilience alimentaire territoriale, nous dit Arthur Grimonpont.

Comment alors atteindre un système résilient ? Quelques initiatives présentées constituent des germes de solutions :

  • l’éducation et le plaisir de partager, via la cuisine et le jardin, avec La Légumerie ;
  • la mise en relation des agriculteurs locaux avec les professionnels de la restauration, avec Via Terroirs ;
  • des agriculteurs qui s’organisent et s’impliquent localement, comme les Robins des Champs ;
  • et plein d’initiatives d’agro-écologie à retrouver sur le site d’OSAE, et ailleurs aussi !

Faire dialoguer tous les acteurs, promouvoir et encourager les solutions qui émergent, mais aussi contraindre et réglementer… de nombreux défis attendent le projet alimentaire territorial !