Portrait d’acteur : IDEO / Paysan Urbain Lyon

Cet article est le fruit d’un entretien réalisé par Anne-Lyse, bénévole de la MAULyon, avec Leila Yahiaoui, chargée d’animation au Paysan Urbain Lyon.

IDEO est une association qui accompagne des salarié(e)s en parcours d’insertion dans deux domaines d’activité : la couture et le maraîchage. L’activité de maraichage a depuis un an rejoint le réseau national Paysan Urbain, et se déroule sur deux sites de la région lyonnaise :

  •  A Saint-Priest se trouve la plus grande parcelle (2,2 ha) : l’exploitation maraîchère péri-urbaine produit des fruits, légumes et micro-pousses en agriculture biologique, vendus ensuite aux particuliers en vente directe (sous forme d’un panier hebdomadaire), et également à des restaurateurs et grossistes de la région.
  •  Au cœur du quartier Mermoz à Lyon 8e, l’association fait vivre des jardins partagés autour de projets locaux qui incluent d’autres acteurs du territoire (écoles, MJC, centres sociaux, associations…).

Deux encadrant(e)s techniques en maraîchage, un encadrant en micro-pousses, une chargée d’animation et un conseiller en insertion professionnelle accompagnent une vingtaine de salarié(e)s en parcours d’insertion chaque année.

Leurs profils sont riches et variés — hommes, femmes, migrant(e)s, personnes en reconversion professionnelle… — et suivent le parcours d’insertion, d’une durée de deux ans maximum, avec l’objectif de trouver leur propre voie professionnelle.

Présentation de Leila, chargée d’animation au Paysan Urbain Lyon 

Le parcours personnel de Leila illustre parfaitement ce que l’agriculture urbaine permet sur le plan professionnel.

Après une carrière dans le domaine de la santé, Leila a décidé il y a trois ans de se reconvertir dans l’agriculture maraichère. Elle a commencé sa reconversion en tant qu’ouvrière maraichère, et est actuellement chargée d’animation au sein de Paysan Urbain Lyon. C’est tout naturellement qu’elle a choisi de rejoindre ce réseau, en reliant ses compétences passées dans la santé, avec ses compétences nouvelles en maraîchage et médiation de quartier (les notions de santé, d’alimentation et des conditions de production étant intimement liées).

C’est avec un enthousiasme manifeste et inspirant que Leila décrit ses multiples missions d’animation à Lyon Mermoz et à Saint-Priest : animation avec les écoles, centres sociaux et MJC ; organisation et animation d’évènements festifs ; projets avec d’autres acteurs locaux.

En exemple, le projet « Patati et Patata » avec Quartiers Fertiles Lyon 8e a pour ambition de créer des jardins partagés, éphémères et nomades, dans le quartier sur des parcelles d’immeubles démolis et dans l’attente d’une reconstruction. Le quartier Mermoz est effectivement en pleine restructuration : c’est l’occasion pour Paysan Urbain d’impliquer les habitants autour de cultures participatives et favorisant le lien social.

L’agriculture urbaine selon Leila : bien-être et convivialité, en dépit des contraintes

Leila en est convaincue, l’agriculture urbaine permet d’apporter à chacun(e) du bien-être en ville. Faisant référence au Petit Prince, Leila insiste sur un retour à l’essentiel dans nos villes et nos rythmes cadencés, pour se « désherber l’esprit ».

L’agriculture urbaine étant une activité qui vit et se développe au plus près des habitants , Leila voit le jardinage et le maraîchage comme de précieux vecteurs de lien social et de transmission pédagogique. C’est aussi un levier de rapprochement avec d’autres acteurs locaux associatifs ou de proximité, pour s’associer et mener collectivement des projets.

En revanche, Leila fait chaque jour l’expérience que l’agriculture urbaine est soumise à de fortes contraintes législatives concernant la nature des sols, souvent pollués en secteur urbain. Selon les volontés politiques particulières, ces contraintes sont plus ou moins faciles à lever. 

Et enfin, Leila souligne une autre contrainte en ville : le rythme de vie des habitants, qui peuvent avoir du mal à trouver le temps de s’impliquer dans des projets d’agriculture.

Souhaitons que des démarches comme celles qu’elle développe avec IDEO et Paysan Urbain puissent — notamment en s’ouvrant au plus grand nombre avec le festival des 48 heures — essaimer et faire changer les regards de la société urbaine !