Après IDEO & Paysan Urbain Lyon, nous nous donnons la parole à une personne chère à la Maison de l’Agriculture Urbaine Lyonnaise, puisque Stéphane Lévêque, qui discute ici avec notre bénévole Matthias Szendy en tant que fondateur et président de Green on the Roof – Groof, est aussi l’un des co-fondateurs historiques de notre association. Et il en reste, bien entendu, un fidèle et un précieux proche !
Quel est l’objectif de votre association ?
Groof a été créé en 2014, comme un collectif citoyen dont l’objectif, à l’origine, était uniquement de favoriser l’émergence de potagers en toitures, à Lyon et alentours. Nous avons pour cela mené plusieurs actions : formation citoyenne, événements, accompagnement de projets. Puis Groof s’est rapidement positionné sur le sujet plus large de l’agriculture urbaine, suite à une première soirée-débat en 2015, et a dès lors régulièrement réuni les acteurs locaux autour d’autres débats, et de petits-déjeuners réseau, principalement.
En 2018 et 2019, Groof a aussi co-organisé le festival des 48 heures de l’agriculture urbaine. C’est donc naturellement que le collectif s’est investi dans la création de la MAULyon : trois membres de Groof comptent parmi ses fondateurs. Aujourd’hui, le contexte a évolué : la MAULyon a repris les actions d’animation des acteurs, et sur les potagers en toitures, plusieurs acteurs professionnels accompagnent désormais les projets de création et d’entretien.
Aussi Groof se repositionne durablement sur le besoin de faire connaître l’agriculture urbaine au grand public, toujours dans sa volonté d’en porter la dimension citoyenne. Notre activité se concentre principalement sur des « balades jardinées », une initiative que nous avons lancée en 2023.

De quelle manière participerez-vous cette année aux 48 heures de l’agriculture urbaine ?
Comme en 2023, Groof va valoriser ces balades jardinées, ouvertes à toutes et tous. Mais qu’est-ce qu’une balade jardinée ? C’est un circuit comprenant plusieurs sites jardinés, à l’échelle d’un quartier, entièrement libre : chacun(e) peut télécharger et même imprimer l’itinéraire avec la description de chaque étape, pour le réaliser à tout moment ; ou participer aux balades guidées collectives, que Groof ou toute autre personne/structure organisent.
Cette année pour le festival, nous proposerons une nouvelle balade guidée en cours de création, dans le quartier de Montchat. Et la balade du 8ème arrondissement (quartiers des États-Unis et du Grand Trou) sera aussi proposée par la mairie d’arrondissement, qui l’a réalisée avec nous et le Passe-Jardins.


Plus généralement, quelle est votre vision de l’agriculture urbaine ?
Au sein de Groof, notre action porte plutôt sur ce qu’on appelle l’agriculture intra-urbaine, c’est-à-dire les espaces cultivés au sein du tissu urbain (qui se distingue de l’agriculture péri-urbaine, avec les fermes autour de la ville qui font de la vente directe par exemple).
L’idée de Groof est de dire que chacun(e) peut participer à l’agriculture urbaine, car il existe de nombreuses façons de jardiner la ville, depuis le jardin en pied d’arbre jusqu’à la ferme urbaine. Et nous sommes convaincu(e)s qu’il est important que tout le monde connaisse et s’investisse dans l’agriculture urbaine, car elle porte de nombreux bienfaits :
– La présence du végétal en ville, dont l’impact psychologique positif et la capacité de rafraîchissement de la ville sont amplement démontrés ;
– La reconnexion des urbains à une agriculture basée sur le vivant : l’agriculture urbaine n’a pas vocation à nourrir la ville, mais à permettre aux urbains de se rendre compte de ce que c’est de cultiver, de (re)connaître les légumes de saison, pour les inciter à faire évoluer leurs habitudes alimentaires ;
– La reconnexion des humains entre eux : les jardins sont des lieux de rencontres, l’alimentation et le jardinage sont des sujets sur lesquels tout le monde est légitime à échanger ;
– L’expérimentation et la démonstration d’alternatives pour la production agricole : même si l’agriculture urbaine ne va pas nourrir toute la ville, certains projets ont une vocation productive, et peuvent introduire de nouvelles techniques, former des urbains à l’agriculture, et être un outil pédagogique pour tous.