Portrait d’acteur : la Microferme des États-Unis

Léa Laboureau a répondu aux questions d’Anne-Lyse Deschavannes pour la MAULyon, afin de vous présenter l’activité quotidienne sur l’exploitation située en pleine ville à Lyon, et d’expliquer le projet global de l’équipe qui vient de la reprendre.

Une micro-ferme « des États-Unis »… pourtant loin du modèle américain !

Léa, 32 ans, est avec Mary, 39 ans, l’une des deux repreneuses de la microferme des Etats-Unis, créée en 2020 par Philippe… en plein cœur du quartier lyonnais dit des « Etats-Unis ».

La microferme produit des légumes, mini-légumes et micropousses en agriculture biologique sur une surface de 1600 m2, surface qui se voit doublée aujourd’hui suite à l’acquisition d’un nouveau terrain, mis à disposition par Grand Lyon Habitat dans le quartier.

Les productions de la ferme sont destinées à des restaurants de la ville : L’Equilibriste, Têtedoie, la Récupéria, la Pharmacie Bistrot Ludique, Grum&Gram ; et d’autres encore, via le grossiste Agriz dédié aux circuits courts, à l’agriculture paysanne et aux modes de production préservant l’homme et l’environnement.

Parmi les variétés cultivées, nous retrouvons : carottes, blettes, chou kale, jeunes pousses pour mesclun, mini-betteraves et mini-navets, micropousses de tournesols, de pois et de radis, gingembre frais, ail frais, aromates… et mêmes des fleurs comestibles ! La ferme vend aussi des plants de légumes et aromates, et transforme ses production en pickles de légumes, ketchup et sauces piquantes. De quoi activer notre créativité culinaire, et sublimer tous nos plats avec des ingrédients diversifiés, sains et goûtus !

Des parcours illustrant le sens de l’agriculture urbaine

Avant de devenir maraîchers, Léa, Mary et Philippe ont travaillé dans des milieux professionnels différents : Léa a travaillé pendant huit ans en tant que responsable administrative et financière dans le domaine du spectacle vivant ; Mary a été journaliste ; et Philippe vient du monde de l’audiovisuel.

Chacun, pour des raisons diverses, a fait le choix d’une reconversion en maraichage urbain. Tous trois se rejoignent autour d’une volonté partagée de s’inscrire dans une démarche écologique et plus respectueuse de l’environnement en ville. Ils parviennent à nous démontrer la possibilité de mener en ville une activité maraîchère productive et durable. Léa décrit l’agriculture urbaine comme un tremplin pour les personnes qui, comme elle, viennent d’un autre milieu professionnel.

En 2023, Philippe a pu constituer la microferme en GAEC (Groupement Agricole d’Exploitation Commun). Suite au départ de Nicolas, son précédent associé, Philippe a cherché de nouvelles personnes pour continuer l’aventure : Léa et Mary qui l’ont rejoint s’inscrivent actuellement dans le dispositif « Suivi Test Installation Transmission » mis en place par l’ADDEAR, afin d’organiser une passation, sur le temps long. Léa et Mary seront à terme les deux associées du GAEC. Philippe, lui, envisage de nouveaux projets agricoles autour de Lyon.

Assumer une agriculture urbaine productive

L’équipe souhaite démontrer qu’il est possible de produire des légumes de qualité et en quantité en secteur urbain, et milite activement pour cela ! L’objectif de la microferme est ainsi d’obtenir une productivité maximale sur une surface réduite : objectif atteint à ce jour avec une production maraîchère en bio intensif. L’enjeu est en effet majeur : augmenter la rentabilité des productions, pour générer trois revenus.

Les trois associés ont des modèles – pourrait-on dire des « influenceurs » ? – qui sont notamment le Québécois Jean-Martin Fortier et les Américains Connor Crickmore (Neversink Farm) et Curtis Stone (The Urban Farmer).

Ils ne manquent pas non plus d’ingéniosité et de bonnes idées : vendre sur les marchés et diversifier les variétés de légumes, on l’a vu ; mais aussi investir dans du matériel agricole, toujours en respectant la terre et avec l’objectif d’aider les habitants à mieux se nourrir, dans une ville durable.

Léa insiste sur son engagement, dans tout son parcours personnel et en particulier au sein de la micro-ferme, dans la relocalisation de l’alimentation. Et elle insiste, pour qu’un réel et profond changement s’opère, sur la nécessité de convaincre les institutions juridiques et d’accompagnement en agriculture que la productivité est possible en ville.